Le petit port de Guin-Zégal (orthographié « Gouine Ségal » au 19ème siècle) a été aménagé en 1854 par la commune de Plouha, dans les Cotes d’Armor.
Le nom de Gwin Zégal viendrait de « gwinizh » (le froment) et de « segal » (le seigle), deux céréales cultivées autrefois sur les terrains bordant la falaise.
Une ligne de mouillage fut ajoutée en 1907, pour former 4 lignes. L’abri compte aujourd’hui 43 pieux d’amarrage en chêne (arbres avec leurs racines), pouvant accueillir 30 bateaux de pêcheurs-plaisanciers.

Classé au patrimoine maritime européen, le port de Gwin-Zegal situé au pied des falaises de Plouha, est constitué aujourd’hui de deux sillons de pierre (tout venant), dont le premier sillon protège la crique des vents d’ouest et de nord. Le premier sillon mesure environ 40 mètres de longueur, pour une hauteur de 2, 50 m, il sert de brise-lames. Le deuxième sillon est beaucoup plus court et peu élevé. Entre ces deux sillons, 5 rangées de pieux permettent l’échouage d’une flottille de bateaux, ne dépassant pas 6 m de longueur.
Le principe du mouillage sur pieux de bois est le suivant : un puits est creusé à une profondeur d’environ 1, 50 m, puis un tronc d’arbre haut d’une quinzaine de mètres, encore muni de ses racines y est placé et maintenu verticalement par des pierres.
Un système vieux de plusieurs siècles Mais comment ces arbres raides peuvent-ils bien faire pour résister aux assauts de la mer ?
Le procédé suit les lois de la physique. Plantés dans le sable, avec leurs racines, les troncs sont maintenus en position verticale par des pierres. La pression exercée par le sable fait le reste. Il devient impossible pour les courants d’espérer arracher l’un de ces pieux en chêne ou en châtaignier, auxquels les petites embarcations aiment à venir s’amarrer.
Les canots sont amarrés entre deux rangées de pieux, distantes de 15 m environ, avec une grosse chaîne et une aussière, amarrée par l’avant et l’arrière. La chaîne est capelée directement sur le pieux à 6 m de hauteur.
Il faut mériter Gwin Zegal car le site n’est pas vraiment indiqué. On sillonne les petites routes bordées de landes et de genets, et un peu par hasard, on arrive sur un minuscule parking et enfin la pancarte attendue. Il faut marcher un peu puis on arrive en haut d’une falaise. Un panorama à vous couper le souffle, avec une vue sur les plus hautes falaises de Bretagne. On aperçoit les plages de Port-Moguer, dont la digue en granit rose cisaille le fond de la vallée et offre un rare abri contre les vents du large. Plus loin, la plage Bonaparte nous rappelle des temps héroïques : 135 aviateurs alliés en furent évacués.
Puis en dessous, apparaissent une quarantaine de troncs d’arbres dressés sur la belle bleue comme des pics. Incroyable, en effet, ce petit port de Gwin Zegal, qui bénéficie de l’abri naturel d’un îlot rocheux, qui le protège des grandes marées et des vents dominants.
Ensuite il faut descendre un long escalier à flan de falaise. Un chemin raide comme rarement en Bretagne.
Mais la récompense est à l’arrivée : une petite plage abritée par un îlot que l’on atteint à marée basse.
En bas, le petit port respire la sérénité. À marée basse, la plage est immense, lisse et humide, les mouettes poussent ces cris qu’elles ont sur les vasières. Les rochers sont tapissés d’huîtres. Plus haut, en marchant sur les galets, on entend ce bruit profond et minéral qui semble résonner dans toute la paroi. De très jolies grottes témoignent de la violence qui doit parfois s’exprimer en ces lieux.
Un lieu hors du temps.