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Le petit train de Rhuys est inauguré le 27 juillet 1910. Il relie Vannes à Port-Navalo en s’arrêtant à Theix, Surzur, Saint-Armel, Saint-Colombier, Suscinio (arrêt devenant facultatif à partir de 1932), Sarzeau, Saint-Gildas, Le Net, Tumiac (au nord de la Butte de Tumiac, arrêt facultatif à partir de 1932), Arzon, Port-Navalo est le terminus.
En 1910 la durée du trajet est en principe de 2 heures à 2 heures et quart pour 46 km de parcours, soit une vitesse de 20 km/h environ, ce qui est honorable pour l’époque. Au terminus de Port-Navalo, il fallait remettre dans le sens de Vannes la locomotive, le mouvement se faisait à la main sur une imposante plaque tournante ; les enfants du village étaient très heureux d’aider le mécanicien à pousser la lourde machine.
Il est à noter qu’il y eut très peu d’accidents, les vitesses relativement faibles permettaient un arrêt suffisamment rapide. On ne compta parmi les victimes que quelques vaches, moutons ou veaux égarés en pleine voie.

Gare-de-Saint-Gildas

D’hier à aujourd’hui la gare de Sarzeau

Les tarifs :
Deux tarifs étaient en vigueur pour les voyageurs :
– en première classe on était assis
– en deuxième classe, dans le meilleur cas les femmes disposaient d’une place assise « dans la limite des places disponibles », les hommes devaient rester debout la plupart du temps et se tenir le mieux possible aux divers supports. Les retardataires malchanceux étaient obligés de voyager sur les plates formes en plein air aux extrémités des wagons. Emplacement toutefois très recherché pendant l’été, malgré la pluie d’escarbilles généreusement distribuées par la locomotive !
Le train était utilisé pour le transport des médicaments, des huîtres du Logeo, les colis du quincaillier, les journaux et du courrier. Les foires et marchés à bestiaux utilisaient également le train pour amener les bêtes.
Le jour du pèlerinage à Sainte-Anne, on ajoutait des wagons supplémentaires et le train avait tant de mal à tirer, qu’il fallait que les voyageurs les plus vaillants descendent à Saint Léonard et ils remontaient en voltige en haut de la côte.



Petites anecdotes :
– Les horaires étaient imprimés sans bavures, très sérieusement. Mais les montres des administratifs, et celles des chauffeurs de trains n’avaient pas la même conception du temps !
– Selon une légende à la vie dure, les voyageurs étaient courtoisement invités à pousser le train dans les côtes montantes ! Selon la Compagnie c’est faux, car le mécanicien s’arrêtait pour faire monter la pression avant d’attaquer le pente ! Il est difficile d’imaginer que les voyageurs puissent pousser un convoi de 80 à 100 tonnes arrêté en rampe !
La mort du petit train :
A partir de 1919 le trafic de voyageurs très actif (entre 1913 et 1919) ne cesse de diminuer. Le petit train se fait vite concurrencer par les autocars.
La Compagnie se fait accusée ouvertement de malversations par le Préfet de Loire inférieure.
De plus, les cheminots n’en finissaient plus de remplacer les traverses de voies qui cédaient les unes après les autres ou bien de dégager les machines qui s’étaient percutées. Sans compter que la presse se vante de refléter l’opinion publique en citant les propos de ses détracteurs qui ne tarissaient pas sur « ses fantaisies ».
Ce qu’il reste du petit train :
Le garage à locomotive de Port-Navalo est aujourd’hui un cinéma.
Les gares d’Arzon, du Net, de Saint-Armel, de Saint Colombier sont devenues des maisons particulières.
La gare de Sarzeau est devenue le bureau des Affaires Maritimes, la voie de chemin de fer reliant Sarzeau à Arzon est devenue est sentier réservé aux vélos.
Extraits du livre « Le Petit Train de la Presqu’île », écrit par l’association « Au Vent de l’Histoire », en vente au Musée des Arts & Métiers à Saint Gildas de Rhuys.